02 - Chapitre 2 - Kuro Neko, la curiosité intrépide

02 - Chapitre 2 - Kuro Neko, la curiosité intrépide

Le chat noir n'avait pas son pareil pour atterrir dans des endroits improbables.

D'apparence discrète, il attirait pourtant à tous les regards. 
Cela l'amenait souvent à s'aventurer dans des lieux où il n'aurait jamais posé ses pattes.

Son allure tranquille et apaisante cachait pourtant un véritable chasseur. Leste, agile et curieux comme pas deux, son regard toujours en alerte laissait deviner l'énergie vibrante qui sommeillait en lui.

Né en ville au sein d'une famille de chats sauvages, il avait très vite choisi l'indépendance. Pour lui, vivre enfermé dans un appartement ou une maison était impensable.
Il préférait de loin le froid de la rue et le risque de la pluie, plutôt qu'un nid douillet et la captivité.

Ici pas de murs infranchissables, pas de porte fermée et personne pour lui imposer un bain. 

Et puis, dans une ville où les trois quarts des passants semblaient le vénérer, il n'avait aucune difficulté à se nourrir.

C'était simple. Soit on lui donnait, soit il trouvait son repas à la sortie des restaurants, boucheries, ou poissonneries.

Mais le meilleur endroit restait la sortie des écoles.

Il y avait toujours un enfant émerveillé par son allure de petite panthère aux grands yeux jaunes.
Il lui suffisait d'un regard perçant pour que l'enfant tente de l'amadouer avec son goûter.
Le Chat noir prenait alors son offrande et s'éclipsait.

Parfois, il accordait une gratouille ou deux, selon son humeur, ses projets et la qualité du festin.

Il avait déjà exploré la ville de long en large.
Les cafés sombres où les yakuzas buvaient leur saké, les temples secrets où les offrandes s'accumulaient, les leviers de soleil observés du sommet des gratte-ciels…
Chaque jour apportait son défi.

Et pourtant... Au milieu de l'animation constante de la ville, le chat noir s'ennuyait. Il ne connaît que trop bien le vrombissement des voitures, le tintamarre du métro et le brouhaha incessant.

Même les néons colorés, autrefois fascinants, lui paraissaient désormais ternes.

Quant aux parcs… il avait exploré chaque statue, chaque recoin.

Cela ne lui suffisait plus. Au fond de lui, il savait, il sentait l'appel d'autre chose, quelque chose d'invisible et d'inconnu.

Alors un soir, après une longue sieste près du poissonnier, à guetter du coin de l'œil quelque poisson égaré, le Chat Noir prend une décision

Il s'étira longuement, sortit les griffes de ses pattes, et attrapa son petit sabre — un souvenir d'une excursion au temple qu'il portait toujours avec lui.
Puis, d'un lien souple et agile, il s'élança de toit en toit.

Une question lui tournait en tête. Le soleil se couchait à l'ouest. Mais où allait-il ? Saisi d'une envie irrépressible de trouver réponse, il se met à chasser le soleil couchant. 

Il courut sans relâche, traqué par la lune qui montait derrière lui.

Ce que Chat Noir ignorait, c'est qu'il venait de faire le premier pas vers un très long voyage.

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